La créativité

L'apprentissage est un processus de modification des objets mentaux qui nécessite la répétition des manipulations de ces objets mentaux. La créativité est un processus de construction de nouveaux objets mentaux qui arrive soudainement mais qui demande une longue préparation. La créativité, c'est construire une nouvelle image à partir de concepts, construire un nouveau concept à partir de cette image. C'est plus qu'une combinaison d'idées anciennes, c'est une nouvelle combinaison qui ne suit pas les règles usuelles.

La création, c'est la créativité plus la réalisation. Cette réalisation demande la maîtrise d'une technique qui demande un apprentissage. L'individu crée pour se réaliser, il crée pour le plaisir et ou pour résoudre un problème, tel le peintre qui exprime le plaisir de la beauté ou l'écrivain qui exprime ses tourments. La création est liée à l'insatisfaction, au fait de ressentir une impression désagréable. La création est la solution par la créativité d'un problème interne dû au manque de satisfaction, et la solution par une technique d'un problème externe qui est l'objet de la création.

La créativité est un processus continu en quatre étapes: la définition du problème, la recherche des informations, l'incubation et l'illumination. La créativité procède du conscient et de l'inconscient, le cortex et le cerveau moyen sont tous deux utilisés. Le diagramme suivant explique le processus.

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processus de créativité

Les informations du monde extérieur sont observées, filtrées par le censeur et stockées dans le cerveau. Le générateur d'idées crée de nouveaux objets mentaux, des images, qui avant d'apparaître dans le domaine conscient sont filtrées par le censeur. Ces images vérifiées par le jugement rationnel deviennent des idées exprimables par le langage humain. Ces images peuvent aussi être exprimées directement sans être vérifiées par le jugement rationnel, il s'agit alors du langage de l'art tel que la peinture, la musique.

Le générateur d'idées utilise le processus de connexion des neurones. Lorsque vous manipulez des objets mentaux des connexions s'établissent entre neurones. Ces connexions sont d'abord fugitives, et peuvent devenir permanentes si la manipulation est répétée. Ces connexions s'établissent à un rythme variable, pendant un certain temps il y a peu de connexions qui s'établissent, puis soudain beaucoup de connexions se forment en un temps très court. Pour produire des idées, il est donc important de continuer à manipuler constamment des objets mentaux pour que de nouvelles connexions s'établissent afin de créer de nouveaux objets mentaux. C'est l'incubation. A cette condition, il est possible qu'à un certain moment, beaucoup de connexions s'établissent soudainement de façon permanentes et forment un nouvel objet mental. C'est l'illumination. Ce nouvel objet mental n'est pas nécessairement celui auquel vous vous attendiez.

Ce comportement des neurones est similaire au comportement d'un tas de sable sec. Si du sable s'écoule de façon continue sur un tas, le tas se modifie peu dans le temps, et soudain il y a une avalanche. Vous ne savez pas prévoir le moment de l'avalanche. Vous ne savez pas prévoir quelle modification l'avalanche apportera à la configuration du tas de sable.

Il est important de réaliser que créer un nouvel objet mental peut exiger une période d'incubation plus ou moins longue

Le censeur se concentre sur les activités permises, il écarte les activités punissables. Il appartient au domaine de l'inconscient (parent) et utilise des règles dictées par la culture de l'individu, règles qui tendent à homogénéiser les idées de tous les individus pour assurer la cohésion du groupe. Le censeur est donc l'ennemi de la créativité puisqu'il essaye d'empêcher le changement. A l'apparition d'une nouvelle idée il produira une impression désagréable qui enlèvera toute valeur à cette nouvelle idée qui ainsi ne sera pas retenue.

Quelle stratégie de créativité peut-on utiliser pour améliorer la production d'idées?

- Bien définir le problème au départ, et en fonction des résultats et au cours du processus de créativité, ne pas hésiter à le redéfinir.

- Augmenter les informations en développant la curiosité de l'observateur et en mettant en commun les informations de plusieurs individus. Classer les informations sous différents aspects afin de les retrouver facilement.

- Diminuer l'influence du censeur en se mettant dans un état de relaxation, de passivité, de rêve éveillé. Utiliser le cerveau moyen pour sélectionner les idées suivant des critères qui produisent une impression agréable: beau, amusant, ingénieux.

- Améliorer les performances du générateur d'idées en utilisant des outils qui augmentent la capacité de la mémoire à court et long terme: écrire, dessiner, classer.

- Les méthodes de créativité utilisent conjointement les différentes stratégies de créativité. Les méthodes sont l'associativité, améliorer l'inconscient de la créativité, améliorer le conscient de la créativité, améliorer la productivité du générateur d'idées.

L'associativité

L'associativité est la première étape de la créativité. Cela consiste à mettre ensemble des objets mentaux, c'est le principe du générateur d'idées. Nous savons que les objets mentaux sont déjà associés sous forme de carte mentale. Cette carte mentale représente une structure, c'est à dire un ensemble d'activité entre neurones qui ne change pas beaucoup dans le temps. Nous devons donc modifier cette carte mentale en ajoutant ou éliminant des objets mentaux et cette modification est difficile du fait de blocages conceptuels. En éliminant ces blocages au cours du processus de créativité nous améliorons les performances du générateur d'idées. Les principaux types de blocages conceptuels sont blocage de perception, culturel, environnemental, émotionnel et intellectuel.

Le blocage de perception commence par la difficulté d'isoler le problème réel. Une entreprise de matériel agricole décida un jour de concevoir une machine à récolter les tomates. Malgré les nombreuses modifications apportées au prototype, suite à la créativité des ingénieurs mécaniciens, la machine récoltait les tomates en les écrasant; Jusqu'au jour où quelqu'un émit l'idée de cultiver des tomates à la peau plus dure, le problème de mécanique devint un problème de génétique.

Le blocage de perception existe aussi si le problème est posé de façon trop limitée. Au lieu de concevoir une nouvelle porte, on peut concevoir un nouveau moyen de traverser un mur ou un meilleur moyen d'isoler deux pièces.

Le blocage de perception existe aussi si on n'a pas plusieurs point de vue sur le problème. L'architecte doit considérer le client, l'urbanisme, l'entrepreneur et les fournisseurs. Le directeur de production artistique doit considérer le réalisateur, les acteurs, le comptable, les financiers.

Le blocage de perception existe chez un individu qui a une idée préconçue. Une solution utilisée dans le passé est proposée sans discrimination, le problème est vu non pas comme il est réellement mais comme on voudrait le voir parce que l'individu attache uniquement de l'importance aux informations qui coïncident avec son opinion, avec ses objectifs.

La difficulté d'accès à l'information stockée en mémoire peut être considérée comme un blocage de perception. La mémoire à long terme fonctionne de façon sélective et le processus de reconstitution sous forme de rapport demande de l'énergie et du temps.

Enfin le fait de ne pas utiliser tous les capteurs (vue, ouïe, toucher, odorat) conduit à un blocage de perception.

En éliminant au maximum ces blocages de perception le générateur d'idées disposera de plus d'informations qui seront plus exactes et une carte mentale plus vaste pourra être développée.

Le blocage culturel est lié à la culture de l'individu, aux règles que la société lui a inculquées et à la formation qu'il a reçue. Ce type de blocage fera attribuer une valeur nulle ou faible à une idée qui ainsi ne sera pas retenue.

Il se détecte auprès des individus par les expressions suivantes: "la fantaisie et la réflexion sont une perte de temps", "jouer c'est bon pour les enfants, résoudre un problème est un travail sérieux et l'humour n'y a pas de place", "tout problème peut être résolu scientifiquement". Un autre blocage culturel de notre culture est l'association inconsciente de notion. Par exemple: droit: ordre, raison, logique, objectif, la belle main. et gauche, sensibilité, subjectivité, la vilaine main.

La formation de l'individu a une forte influence sur les jugements de valeur qu'il porte sur les idées. Un individu de formation technique associera bon avec raison, logique, nombre, pratique et mauvais avec sentiment, intuition, plaisir. Un individu anti-technique associera bon avec sentiment, intuition, plaisir et mauvais avec raison, logique, nombre, pratique.

Le blocage environnemental est dû au manque de moyens. Soit les moyens physiques et économiques manquent pour rassembler les informations et prendre le temps de créer une solution, soit il y a un manque de coopération entre les individus, soit il y a un manque de confiance généralement dû à la soumission de l'individu à une personne autocratique.

Le blocage émotionnel provient de l'anxiété due au changement. L'individu peut avoir peur de prendre le risque du changement. Il peut avoir peur de la punition en cas de faute, peur de faire de la peine, peur de perdre la face, peur de perdre de l'argent. Pour vaincre cette peur il doit répondre consciemment à la question "quelles sont les pires catastrophes qui peuvent m'arriver?". Un jugement de valeur lui fera découvrir que l'impression désagréable causée par cette peur est bien moindre que celle causée par sa mort future.

L'individu peut avoir peur du désordre, dans ce cas il est incapable de laisser coexister des idées disparates suffisamment longtemps pour qu'elles se combinent.

L'individu peut avoir peur du temps. Il est incapable de se relaxer, d'incuber, de laisser dormir les idées pour qu'après incubation une nouvelle solution jaillisse de l'inconscient. Il doit prévoir suffisamment de temps pour créer, même si la durée pendant lequel le processus de créativité se passe est courte. Il peut aussi solutionner plusieurs problèmes en même temps et ainsi respecter les échéances.

Le blocage intellectuel existe si l'individu utilise peu de stratégies de pensée, de manipulation des objets mentaux. Ces stratégies sont: définir, établir une liste, classer, comparer, établir des relations, éliminer, visualiser, faire un dessin, faire un diagramme, symboliser, se poser des questions, faire des hypothèses, rêver, exagérer, étendre, transformer, substituer, séparer, sélectionner, jouer, prédire, faire un plan, simuler, tester.

Le blocage intellectuel existe si l'individu utilise le mauvais langage (verbal, visuel, mathématique, comptable) ou s'il soumet trop rapidement les idées au jugement rationnel et ainsi les rejette trop tôt.

Améliorer l'inconscient de la créativité

Améliorer l'inconscient de la créativité est la seconde méthode de créativité. Afin d'augmenter ses performances l'individu doit éliminer son état parent critique et ne pas agir en état adulte pour diminuer l'influence du censeur. Il doit agir en état enfant, celui qui correspond au jeune enfant qui est libre et créatif, qui joue à construire et pour qui jouer n'est pas passer son temps mais créer de nouvelles solutions.

L'individu doit aussi apprendre à utiliser les activités cérébrales dites de l'hémisphère droit qui est le domaine de la synthèse, de l'intuition, de l'esthétique, de la sensation, des images, de la perception spatiale, des métaphores, de la globalité, de l'instantanéité. Malheureusement dans notre civilisation, ces activités cérébrales sont minimisées par l'éducation pour les hommes.

Améliorer le conscient de la créativité

Améliorer le conscient de la créativité est la troisième méthode de créativité. Les deux premières méthodes permettent de générer des idées en vrac plus ou moins ordonnées, la troisième méthode permet une seconde génération d'idées qui comblera les lacunes de la première génération. cette méthode utilise différents modes de pensée: penser avec tous ses sens, penser latéralement, penser fonctionnel et penser avec les autres.

Penser avec tous ses sens. Certains individus ont principalement des images visuelles, d'autres des images auditives, mais les deux types d'images sont toujours présents, et pourquoi ne pas utiliser les deux types. Le fait de parler naïvement oblige l'individu à ordonner ses idées, lui fait découvrir des trous dans la suite de ses idées, fait découvrir des images cachées et lui fait découvrir les idées des autres. Le fait d'écrire et de dessiner pour soi produit le même effet sauf que l'individu ne découvre pas les idées des autres.

Penser latéralement est une méthode qui a été découverte par De Mono et qui peut s'illustrer par les diagrammes suivants.

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cheminement de la pensée logique

Il a découvert qu'en général l'individu, partant d'un point de vue, pense logiquement jusqu'à ce qu'il trouve une solution. La logique et les blocages le forcent à penser linéairement.

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cheminement de la pensée latérale

Il est difficile de ne pas penser linéairement, c'est à dire de penser latéralement. Pourtant c'est ce qui se passe lorsqu'on vous raconte une blague. Au début le narrateur vous expose une situation, son discours tend à vous faire penser dans une direction bien précise, soudain la dernière phrase vous oriente dans une toute autre direction et cette découverte vous procure du plaisir. Vous avez découvert un autre point de vue.

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cheminement de la pensée latérale

Vous pouvez appliquer le même principe à la découverte de la solution d'un problème, soit changer de point de vue en cours de recherche, soit de redémarrer la recherche en partant d'un autre point de vue. Lorsque la solution est trouvée, celle-ci paraît évidente.

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solution évidente après l'avoir trouvée

Pour penser latéralement il faut réaliser un changement de groupe AB. Les objets mentaux, les pensées, sont classés en groupes et la majorité des   idées que nous développons lors d'une recherche ont tendance à appartenir à un même groupe. En recherchant systématiquement les autres groupes auxquels appartiennent certaines idées on peut changer le point de vue de toute la recherche.

Améliorer la productivité du générateur d'idées

Penser fonctionnel c'est utiliser des outils, des méthodes pour améliorer la productivité du générateur d'idées.

La loi de Pareto nous apprend que 20% des problèmes représente 80% de l'importance de tous les problèmes. Il est évident qu'il est préférable de classer les problèmes et de d'abord résoudre les 20% les plus importants.

L'individu n'est pas capable de résoudre un grand problème, mais il peut diviser le problème en éléments et en relations entre ces éléments. Il faut toutefois prendre garde de ne pas simplifier le problème en oubliant des éléments et ne pas perdre de vue la recherche de la solution du problème global.

Pour trouver la solution il ne faut pas appliquer la méthode N.I.V., le "not invented here" typique de la culture de certaines sociétés. Il ne faut pas réinventer la roue, pourquoi ne pas rechercher les solutions des autres, analyser les similitudes et les différences et extraire les concepts qui peuvent s'appliquer efficacement à la solution recherchée.

Penser fonctionnel c'est aussi mettre les idées sur papier. Etablir une liste d'idées et la compléter au fur et à mesure que de nouvelles idées sont découvertes. C'est écrire les idées dans un tableau de lignes et de colonnes et ainsi découvrir les ressemblances et de nouvelles idées qui correspondent aux cases vides.

Jusqu'à présent nous avons parlé de méthodes pour trouver des nouvelles idées. Mais pour que la créativité conduise à l'action de construire quelque chose de réel il faut que les idées soient ordonnées  afin qu'elles correspondent à quelque chose de possible dans la réalité extérieure. La méthode FAST, Functionnal Analysis System Technique, utilise le principe de cause à effet pour organiser les idées, pour trouver les relations entre elles et découvrir les idées manquantes. La méthode FAST utilise le jugement rationnel heuristique qui consiste à utiliser certaines règles pour obtenir un résultat optimum.

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méthode FAST

Après avoir rassemblé les idées, le problème et la solution sont présentés sous forme de fonctions. Une fonction est définie par un verbe et un nom. Pour chaque fonction on pose la question "comment" et "pourquoi". Les fonctions sont classées de sorte que la fonction "réponse à comment" est à droite de la "fonction comment". Si le classement est complètement cohérent, les fonctions "réponses à pourquoi" sont toujours à gauche des fonctions "pourquoi", si ce n'est pas le cas il faut rechercher de nouvelles fonctions.

Prenons un exemple. Je désire gagner plus d'argent. Comment? Quatre idées se présentent: faire un second travail, faire un autre travail, augmenter le temps de travail, augmenter le salaire horaire. Ces quatre idées sont écrites à droite de l'idée de gagner plus d'argent. Comment augmenter le salaire horaire, en obtenant une augmentation. Comment obtenir une augmentation, en améliorant mes résultats. Comment améliorer mes résultats, en apprenant. Comment apprendre, en analysant mes faiblesses.

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méthode FAST

Vérifions si la solution proposée est logique, si elle correspond à toutes les actions que je dois entreprendre pour réussir. Pourquoi analyser mes faiblesses, pour apprendre. Pourquoi apprendre, pour améliorer mes résultats. Pourquoi  améliorer mes résultats, pour obtenir une augmentation! Ce n'est pas logique car ce n'est pas possible, c'est moi qui améliore mes résultats mais c'est mon chef qui me donne une augmentation. Il manque une idée qui assure la relation entre mon action et l'action possible de mon chef "communiquer amélioration". Pourquoi améliorer mes résultats, pour communiquer l'amélioration à mon chef. Pourquoi communiquer l'amélioration, pour obtenir une augmentation. Pourquoi obtenir une augmentation, pour gagner plus d'argent.

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méthode FAST

Et voilà, pour augmenter votre créativité il vous suffit d'appliquer toutes ces méthodes. Si vous le faîtes, vous êtes un génie et les génies cela existe. Le problème avec les génies c'est qu'ils ont des idées lumineuses soudainement, lorsque cela leur convient. Or vous devez trouver une nouvelle solution à votre problème dans un laps de temps limité.

Penser avec les autres est une méthode qui vous permet d'accélérer le processus du générateur d'idées. Du fait de ses tendances, chaque individu utilisera plus ou moins bien une ou plusieurs méthodes. En utilisant plusieurs individus dont chacun maîtrise bien une ou plusieurs méthodes on obtient un groupe ayant un potentiel de créativité important. Ce groupe sera dirigé, ou plutôt orienté, par un meneur de jeu qui ne participe pas à la génération d'idées mais sélectionne les participants, veille à l'élimination des blocages et est responsable de la présentation. On peut concevoir que la génération brute d'idées et la finalisation par la méthode FAST soient faites par des groupes différents, car cette dernière méthode demande une approche plus logique qui peut nuire à la génération d'idées.

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carte mentale générée par un groupe

Ainsi une carte mentale peut être générée par un premier groupe, le second groupe ordonnant et complétant les idées pour obtenir une suite d'actions logiques.

Une autre façon de penser avec les autres est la méthode Synectic. Dans un groupe, un individu A et les autres parlent en brainstorming, c'est à dire que toutes les idées sont acceptées et aucun jugement n'est porté. L'individu A ne possède pas l'expérience pour résoudre le problème mais il note tout ce qui est dit et met ces informations à la disposition de tous. A commence par décrire les éléments apparents du problème en sept phrases pendant maximum trois minutes. En cours du processus de génération d'idées, A pourra être invité par les autres à réécrire le problème, A pourra accepter une solution partielle et réécrire le problème, à la demande de A les autres pourront réécrire le problème comme ils le comprennent. Toutes les idées fournies par les autres seront présentées sous forme d'un nom accompagné d'un adjectif. Les idées seront la description de ce qui se passe quand on est dans le problème, qu'est ce qui se passe quand on est une goutte d'huile, un piston, un document, une autre personne, un outil, une télévision,...

Toutes les méthodes précédentes permettent de générer des nouvelles idées. Pour cela on utilise un groupe composé de spécialistes et de non spécialistes, ces derniers pouvant apporter un autre point de vue. Mais après que les idées aient été générées et ordonnées, elles doivent être acceptées par un individu ou par un groupe responsable qui doit porter un jugement rationnel.

Ce groupe, un comité, un conseil, une commission, un jury, est en général composé de spécialistes. Pour obtenir et affiner un jugement rationnel de groupe on peut utiliser la méthode Delphi qui est basée sur la découverte qu'après discussion, la réponse d'un groupe est en général moins précise qu'une simple médiane des estimations individuelles sans discussion. Ceci s'explique par l'influence des individus dominants, la pression du groupe vers la conformité et le fait qu'une large part de la discussion dans un groupe traite d'intérêts personnels qui n'ont rien à voir avec le problème.

Pour contrer l'influence pernicieuse de la discussion, la méthode Delphi utilise un questionnaire formel écrit pour obtenir l'opinion des membres, opinion qui est fournie sous forme de nombre compris dans une gamme. Les résultats sont analysés statistiquement et la médiane des résultats est communiquée en même temps que les questions sont reposées. Les participants peuvent ainsi modifier leurs réponses en tenant compte des différences de leurs réponses précédentes par rapport à celles du groupe. On arrête le cycle lorsque les différences entre deux réponses consécutives sont statistiquement faibles. Il est important de noter que la taille du groupe influence la précision et qu'au-delà d'une taille de quinze la précision varie peu.

Ces méthodes de créativité nous permettent de trouver de nouvelles solutions aux problèmes, solutions qui si elles passent le test du jugement rationnel logique sont possibles car elles ne contiennent pas de contradiction. Seul le jugement de vérité, suite à l'action, permet de savoir si elles sont vraies, si elles marchent. Dans le cas contraire le processus de génération sera repris en tenant compte des résultats réels obtenus, mais en laissant la porte ouverte à une nouvelle génération d'idées à partir d'autres points de vue.

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