Inhibition

Une action est déclenchée par un incident, par une attribution de valeur à un objectif. En fonction de l'intensité de la valeur une certaine puissance est utilisée pour réaliser l'action. L'action se déroule dans le temps, cette puissance peut être faible pendant longtemps (action A) ou élevée pendant une courte durée (action B). Par exemple je peux marcher pendant quinze minutes pour parcourir un kilomètre, ou courir pendant cinq minutes pour parcourir ce même kilomètre. La puissance utilisée pour la course est trois fois plus grande que pour la marche. Avant d'agir nous sommes conscient de notre limite de puissance, nous savons que nous ne pouvons pas courir à une vitesse de 50 km/heure.

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action théorique suite à un incident A ou B

Par contre l'énergie dépensée est identique pour les deux types d'action. Notre limite d'énergie nous est signalée pendant l'action par le processus d'inhibition. Si nous sommes rapidement conscient de cette limite pour les actions physique, il est plus difficile de s'en rendre compte pour les processus mentaux.

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action réelle suite à un incident

L'inhibition c'est la suspension d'un processus physiologique ou psychologique, c'est la diminution de l'activité d'un neurone, d'un muscle, d'une glande sous l'action d'un influx nerveux ou d'une hormone. L'inhibition permet de restaurer la capacité de travail normal des cellules par le rééquilibrage des éléments physico-chimiques. L'inhibition protège les cellules, et ainsi l'organisme, en cas de maladie et d'excès de tension nerveuse.

Quelle est l'influence de l'inhibition sur une action réelle? En nous référant au diagramme précédent, supposons qu'un incident crée une attribution de valeur qui débute à l'instant t1 et se termine à l'instant t2. L'énergie demandée est proportionnelle au temps, elle augmente avec le temps. Mais du fait de l'inhibition l'énergie disponible diminue après un certain temps. Si nous appelons rendement le rapport entre l'énergie disponible et l'énergie demandée, le rendement diminue avec le temps. La puissance diminue avec le rendement et l'action se terminera à l'instant t3, l'action sera inachevée.

L'action est la réponse à un incident et cette réponse est fonction de l'énergie disponible. Cette énergie disponible est renouvelée par le sommeil et l'absorption de nourriture. Entre deux renouvellements d'énergie, l'énergie disponible est dépensée en énergie demandée par les actions, par les réponses aux incidents. La réponse est donc fonction de la somme des énergies demandées par les incidents et peut être représentée par une courbe similaire à celle de l'énergie disponible dans le temps.

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réponse d'un système nerveux

Cette courbe est similaire à la courbe de réponse à un stimulus, un stimulus étant un incident provoqué par une cause extérieure. En dessous d'un certain seuil de sensibilité S il n'y a pas de réponse et l'impression est nulle. Ensuite la réponse est proportionnelle à l'énergie demandée par les incidents, ce qui crée une impression agréable la plus part du temps inconsciente. Entre le seuil d'inhibition I et le seuil de détection D la réponse augmente moins vite et l'impression est moins agréable et la plus part du temps inconsciente. Au delà du seuil de détection D la réponse diminue et l'impression est désagréable et devient consciente pour signaler le danger.

Différents individus sont caractérisés par des courbes de réponses différentes et par leurs états. La courbe F correspond à un système nerveux fort, le seuil de sensibilité est élevé et le seuil de détection est élevé permettant une grande dépense d'énergie. La courbe f correspond à un système nerveux faible. La courbe d correspond à un état de déprime. La courbe D correspond à un état de dépression.

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réponse de différents systèmes nerveux

Le processus d'inhibition est un mécanisme de protection de l'organisme. Si l'énergie des incidents dépasse le seuil d'inhibition, l'individu ressent une impression désagréable, il est en état de stress. S'il continue à demander de l'énergie, le mécanisme d'inhibition se renforce et sa courbe de réponse se déplace vers la gauche. Il est encore plus stressé, l'impression est encore plus désagréable, il devient plus sensible et il est en état de déprime. S'il continue à demander de l'énergie, le mécanisme d'inhibition provoque une diminution de la réponse maximum possible et l'individu est en état de dépression. Le stress est une modification de la réponse à court terme, la dépression est une modification de la réponse à long terme.

Tout incident est une attribution de valeur qui déclenche une action qui demande de l'énergie. Cette action est toujours double, elle est à la fois extérieure et intérieure. L'action extérieure modifie le monde, mais elle n'est pas toujours réalisée, soit parce qu'elle n'est pas possible suite à une cause extérieure, soit parce qu'elle est retardée dans le futur du fait qu'aucune décision n'est encore prise. L'action intérieure modifie le fonctionnement des organes pour préparer le corps à l'action extérieure, et cette action intérieure à toujours lieu, même si l'action extérieure ne se réalise pas. C'est cette action intérieure que nous appelons émotion, sentiment ou humeur. Si l'action extérieure se réalise, elle rééquilibre rapidement le fonctionnement des organes, sinon la modification persiste et ne disparaît qu'après un certain temps.

Lorsque vous traversez la rue et qu'une voiture arrive à toute vitesse sur vous, vous avez peur, vous fuyez en courant et votre peur disparaît. Si la tension créée par cet incident ne disparaît pas suffisament vite, l'émotion de peur se transforme en émotion de colère et en injuriant l'automobiliste vous retrouver votre équilibre.

Si en vous levant le matin, vous pensez aux factures éventuelles que vous allez recevoir et que vous ne savez pas payer, vous êtes anxieux. Mais vous ne savez pas agir avant d'ouvrir votre boite aux lettres, vous devez vous habiller et manger. Pendant ce temps l'action intérieure modifie le fonctionnement de vos organes pour vous préparer à la fuite, qui est l'action normale en face du danger. Lorsque vous ouvrez votre boite aux lettres et qu'elle est vide, vous éprouvez une émotion et vous retrouver votre équilibre, jusqu'à ce que vous repensiez demain à vos factures. Si la boite aux lettres contient une facture, votre anxiété continue car vous n'avez pas encore agis.

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incidents suivis d'actions

Nous pouvons représenter dans le temps deux séries d'incidents, une première série d'incidents suivis d'actions et une seconde série d'incidents non suivis d'actions.

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incidents non suivis d'actions

Dans la première série, les incidents sont des émotions. De l'énergie est dépensée pendant la durée de l'action. Au quatrième incident, le seuil d'inhibition est atteint, et l'individu est probablement conscient d'atteindre ce seuil.

Dans la deuxième série les incidents ne déclenchent pas d'action extérieure, mais de l'énergie est dépensée tant que les incidents durent. Les incidents sont des sentiments ou des humeurs et aucune action n'est entreprise parce qu'aucune décision n'est prise, aucun choix de valeur n'est fait. L'individu n'est probablement pas conscient d'atteindre le seuil d'inhibition car il n'y a pas d'action.

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traumatisme contrôlé et non contrôlé

Si l'incident est très intense, l'émotion peut être si forte que le seuil d'inhibition est dépassé, mais une action immédiate limite la dépense d'énergie. Par contre à cause de la forte intensité de l'incident, les faits qui ont provoqué l'émotion peuvent être imprégnés dans la mémoire, et l'émotion se transforme en sentiment ou en humeur. Ces nouveaux incidents, créés par le souvenir du traumatisme, ne provoquent pas d'action extérieure et le seuil d'inhibition peut être rapidement atteint.

Si l'individu ne tient pas compte des impressions désagréables causées par l'inhibition, s'il n'est pas conscient que ces impressions sont des signaux lui permettant d'arrêter son activité pour ne pas dépenser trop d'énergie, l'individu sera en état de stress. Si cet état perdure, le stress augmente et se termine par la déprime et la dépression.

L'inhibition provoque une impression désagréable. Elle peut donc être considérée comme un incident, comme une attribution de valeur. Si nous représentons cette valeur par une grandeur, lorsqu'il n'y a pas d'inhibition la valeur est égale à 1, lorsqu'il y a inhibition la valeur est inférieure à 1.

Copyright 2001 by Stéphane Coël - L'intelligence émotionnelle et rationnelle dans l'action