Les types de communication

Le but de la communication est que le récepteur B reconstruise dans sa réalité intérieure un objet mental BB, similaire à un objet mental AA qui existe dans la réalité intérieure de l'émetteur A. Pour réaliser ce transfert, l'émetteur doit être conscient que l'objet mental BB est différent de AA; A doit créer un objet mental AB qui est une représentation plus ou moins exacte de l'objet mental de B. En comparant les objets mentaux AA et AB, l'émetteur peut émettre des signaux vers B pour que B modifie son objet mental BB. A son tour B émet des signaux vers A et A les interprètent pour modifier sa représentation AB. Le cycle continue jusqu'à ce que A juge que sa représentation AB est semblable à AA, ou s'arrête si A juge que la similitude est impossible à réaliser.

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Selon que les signaux sont échangés entre cortex ou cerveaux moyens la communication est informationnelle ou affective. Selon le but poursuivi par l'émetteur la communication est incidente, consommatoire ou instrumentale.

La communication informationnelle est du domaine du cortex. Il y a échange de signaux pour transmettre des informations inconnues par une des parties ou des informations destinées à compléter des connaissances existantes. Dans ce dernier cas la communication se fait dans les deux sens.

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communication informationnelle

La communication affective est du domaine du cortex et du cerveau moyen. Il y a échange de signaux pour diminuer la distance psychologique entre les deux individus. L'émetteur essaye de communiquer une valeur au récepteur; cette valeur peut être celle qu'il attribue à l'information transmise, celle qu'il attribue à ses pensées du moment ou une valeur qu'il désire faire ressentir au récepteur.

Dans la communication affective en réponse à une communication informationnelle, la valeur est celle attribuée à l'information transmise. Une émotion apparaît chez le récepteur, qui à son tour déclenche des signaux qui indiquent à l'émetteur que le récepteur a compris ou non. La communication se fait dans les deux sens.

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communication affective en réponse à une communication informationnelle

Dans la communication affective inconsciente, la valeur est celle attribuée aux pensées du moment et il n'y a pas de transmission d'information. L'émetteur communique des signaux dont le contenu sémantique est faible ou nul, car lui-même ne comprend pas le sens de ses pensées.

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communication affective inconsciente

Le récepteur reconstruit une idée sur base de ses propres concepts, idée qui est souvent différente de la pensée de l'émetteur, et il n'y a pas de communication dans les deux sens. La valeur attribuée à la pensée du moment par l'émetteur est une humeur, une valeur fictive attribuée à un concept, et souvent c'est une mauvaise humeur. Le récepteur qui a reconstruit une idée sur base uniquement de ses concepts attribuera une valeur à cette idée, valeur qui est une humeur et souvent une mauvaise humeur. La mauvaise humeur se transmet donc, et si l'émetteur change d'humeur, le récepteur ne changera d'humeur que s'il y a transmission d'information dans les deux sens pour obtenir la similitude des idées de l'émetteur et du récepteur.

Dans la communication affective consciente, la valeur est celle que l'émetteur désire faire ressentir au récepteur, l'émetteur doit s'identifier au récepteur. Il s'identifie consciemment au récepteur afin de lui transmettre des signaux qui déclencheront l'émotion qu'il désire voir apparaître chez le récepteur. Ce type de communication part en général de bonnes intentions et peut continuer tant que l'émetteur s'identifie consciemment au récepteur. Mais dès que cette identification cesse, la communication affective cesse.

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communication affective consciente

Voici un exemple de ce type de communication. Jean et Louise sont de jeunes mariés de retour de voyage de noce. Pour leur premier repas en commun, Louise a préparé une soupe aux choux. Jean a horreur de la soupe aux choux, mais pour faire plaisir à Louise, il n'en montre rien et lui répond que sa soupe est bonne lorsqu'elle lui demande son avis. Croyant bien faire, Louise sert de la soupe aux choux tous les lundis, et toujours pour lui faire plaisir Jean ne dit rien. Jusqu'au jour de leur première dispute où Jean dit "toi et ta soupe aux choux".

Dans la communication incidente l'émetteur transmet des informations sans avoir l'intention de le faire, sans s'en rendre compte. Le voleur qui s'introduit dans la villa est surpris par les aboiements du chien et s'enfuit. Le chien a émis un signal qui a créé une émotion de peur chez le voleur, mais le voleur sait maintenant qu'il y a un chien et pourra revenir en prenant ses précautions. Pourquoi un individu parle-t-il toujours du même sujet, probablement parce qu'il est préoccupé par ce sujet. Pourquoi y a-t-il des silences dans la conversation? Croyant transmettre une information, l'émetteur en transmet une autre. En disant à l'enfant "ne t'inquiètes pas, le chien n'est pas méchant", la communication incidente transmet l'information que le chien peut être méchant et qu'il y a lieu de s'inquiéter. Pour qu'il n'y ait pas de communication incidente il faut dire "le chien est gentil, tu peux le caresser si tu veux". La communication incidente est informationnelle, affective ou les deux à la fois.

Dans la communication consommatoire l'émetteur ne cherche pas à transmettre de l'information au récepteur, il consomme la communication. Il émet des signaux mais ne cherche pas à ce que le récepteur reconstruise une idée.

Si la communication est informationnelle l'émetteur s'écoute parler, et en s'écoutant parler il est obligé de mettre de l'ordre dans ses idées, il reconstruit l'idée dans son propre cerveau. Cette méthode est très utile pour créer des solutions, et si ces solutions doivent être appliquées à d'autres individus, leur application sera d'autant plus facile que ces individus en auront entendu parler auparavant.

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communication consommatoire informationnelle

Si la communication est affective l'émetteur s'écoute parler et de ce fait est obligé de remettre de l'ordre dans ses idées mais aussi dans les valeurs qu'il attribue à ces idées. De ce fait il diminue l'impression désagréable que ces valeurs donnaient et il soulage la tension que cette impression créait. C'est bon de parler lorsqu'on ne s'en sort pas. Il suffit d'avoir à sa disposition une personne qui vous écoute sans pour cela qu'elle vous réponde et vous donne une aide pratique, c'est la méthode utilisée par "sos suicide" où il est défendu à votre interlocuteur de vous conseiller quoique ce soit.

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communication consommatoire affective

Dans la communication instrumentale l'émetteur transmet des informations pour produire un effet déterminé sur le récepteur. La communication instrumentale est informationnelle et affective. Une information doit être transmise pour que le récepteur comprenne ce qu'il y a à faire, et une valeur doit être transmise pour créer une émotion chez le récepteur, émotion qui déclenchera son action. L'émetteur doit savoir quelle émotion du récepteur déclenchera l'action, quelle valeur du récepteur créera une émotion, c'est le problème de la motivation.

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communication instrumentale

Dans l'exemple, l'effet déterminé sur le récepteur est l'action de manger la soupe aux choux. Une communication informationnelle doit être établie pour que le récepteur sache qu'il s'agit de manger la soupe aux choux. Mais cette communication provoque chez le récepteur une émotion, le dégoût, et de ce fait l'action n'aura pas lieu. L'émetteur doit donc établir une nouvelle communication, qui est affective, pour provoquer chez le récepteur une émotion qui déclenchera l'action. L'émetteur doit, par exemple, communiquer un objet mental qui provoquera une émotion de peur chez le récepteur et ainsi déclenchera l'action. Si le récepteur accepte l'effet à produire, il y a échange d'informations jusqu'à ce que le récepteur estime avoir compris, jusqu'à ce que les aspects sémantiques de la communication soient semblables pour l'émetteur et le récepteur. Le fait que l'échange s'arrête est une communication incidente et peut être utilisé par l'émetteur pour vérifier que le récepteur a bien compris, c'est un procédé classique en vente.

La communication manipulatrice est une communication instrumentale dans laquelle une fausse information est transmise pour que le récepteur comprenne ce qu'il y a à faire. Ainsi deux groupes A et B assistent à l'exposé d'un conférencier dont les idées sont en opposition totale avec celles des membres des deux groupes. Au groupe A on a demandé d'assister à l'exposé pour juger du contenu de la conférence. Au groupe B on a demandé d'assister à l'exposé pour juger le conférencier. A la fin de l'exposé on interroge les deux groupes sur le contenu de la conférence. Le groupe A, qui avait reçu une communication instrumentale, ne change pratiquement pas d'opinion. Le groupe B, qui avait reçu une communication manipulatrice du fait que l'interrogation porte sur un sujet différent de celui qui était prévu, change en partie d'opinion. La communication manipulatrice est immorale si le résultat de l'action procure des avantages uniquement à l'émetteur au détriment du récepteur. Par contre si les avantages sont communs et que le récepteur ne comprend pas l'information directe, ce type de communication est la seule qui permette de déclencher une action.

Copyright 2001 by Stéphane Coël - L'intelligence émotionnelle et rationnelle dans l'action