Education morale

Il y a une grande différence entre l'apprentissage et l'éducation. Apprendre c'est acquérir un ensemble de connaissances. Eduquer c'est développer les facultés physiques, intellectuelles et morales. L'éducation c'est également la connaissance et la pratique des usages d'une société.

La différence réside dans le fait que, par l'apprentissage de nouveaux objets mentaux cognitifs sont créés, par l'éducation de nouvelles valeurs sont créées en plus. Nous appellerons éducateur une personne qui apprend des valeurs à un individu.

Par quel procédé ces nouvelles valeurs sont-elles créées? L'éducation commence dès le plus jeune âge de l'enfant et jusqu'à l'âge de deux ans il n'utilise que les jugements de valeur. A sa naissance l'enfant est capable d'attribuer des valeurs qui correspondent à des états physiologiques tels que le plaisir et la douleur, l'attirance et le dégoût, la sécurité et l'effroi, la dominance et la soumission. Il faut remarquer que le plaisir et la douleur sont des états résultant d'une action, les autres états résultent d'une attribution de valeur qui précède et motive l'action.

Nous retrouvons ces états et ces valeurs chez les animaux. Comment dresse-t-on un chien à sauter un obstacle? Il faut évidemment lui apprendre à franchir l'obstacle, lui faire acquérir les connaissances pour franchir l'obstacle en lui montrant l'exemple et en lui communiquant un signal par un cri. Après de nombreux essais infructueux, le chien saute l'obstacle une première fois. A ce moment on lui donne une friandise. On continue à lui apprendre à sauter et à chaque saut réussi on lui donne une friandise. En fait il se crée dans le cerveau du chien une association d'objets mentaux selon la loi de Pavlov. Le cri, le saut réussi et la friandise forment un même objet mental. La comparaison de cet objet mental avec la tendance à aimer les friandises est une attribution de valeur, le chien ressent de l'attirance pour cet objet mental, ce qui déclenche son action. Après le saut réussi le chien mange la friandise; la comparaison de l'objet mental avec la tendance à aimer les friandises est une attribution de valeur à laquelle correspond un état de plaisir.

Si le saut n'est pas réussi, il n'a pas de friandise et il ne ressent pas de plaisir. Si le saut n'est pas réussi et que le maître crie sur le chien ou le frappe, le chien est complètement désorienté, il ressent la peur et la douleur qui sont des états physiologiques qui n'ont rien à voir avec l'attirance initiale.

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création d'une nouvelle valeur

Il y a création d'une nouvelle valeur à partir d'une valeur existante, par l'association de nouveaux objets mentaux avec un objet mental existant. Avant l'éducation, le chien a tendance à aimer les friandises, il est attiré par les friandises et ressent du plaisir en les mangeant. Pendant son éducation, l'association du cri, du saut et de la friandise forment un objet mental flou auquel il attribue une valeur floue. Après son éducation, nous constatons que le chien a une tendance à sauter en réponse à un cri, il attribue une valeur à cet incident en comparant le percept "cri" à l'image "saut", ce qui déclenche l'action de sauter. Nous constatons que le chien a toujours tendance à aimer les friandises puiqu'après un saut réussi il en réclame une.

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création d'une nouvelle valeur

Les relations entre les différents objets mentaux peuvent être représentées par un diagramme d'action du chien éduqué. Lorsque le chien entend le cri, il y a comparaison de ce percept avec l'image d'une friandise, attribution d'une valeur qui va déclencher une action. La liaison "cri" et "friandise" fait apparaître une situation désirée, "friandise". Mais les images "cri", "friandise", "saut réussi" ont été associées entre elles par l'éducation, elles forment un objet mental, une croyance composée d'images associées: le chien croit que pour obtenir une friandise il doit sauter. La croyance transforme la situation désirée en objectif, tout en conservant la valeur. L'action du chien sera d'atteindre son objectif, directement ou par plusieurs essais. Mais lorsque le saut est réussi, lorsque le résultat est obtenu, la comparaison du percept "saut réussi" avec la situation désirée "friandise" est une attribution de valeur qui déclenche l'action de demander une friandise. L'obtention de celle-ci lui procure du plaisir en satisfaisant sa tendance à aimer les friandises.

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création d'une croyance

Il n'y a pas eu réellement création d'une nouvelle valeur, mais création d'une croyance. C'est à dire création d'un nouvel objet mental auquel est associé une valeur, cette valeur existant déjà pour un des objets mentaux faisant partie de l'association.

Le chien au départ ressent une impression désagréable pour ce qui est mauvais et une impression agréable pour ce qui est bon. Après son éducation il est motivé pour ressentir une impression agréable, du plaisir, lorsqu'il a sauté; il est motivé pour faire ce qui est bon. S'il ne saute pas il ne ressent rien, l'impression est nulle.

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agir

Le processus est similaire pour l'homme tout en étant beaucoup plus complexe. A la différence de l'homme, le chien aura toujours besoin du stimulus extérieur, d'un percept qui est le cri, pour qu'il y ait un incident, une attribution de valeur qui déclenchera une action. L'homme possède un cerveau capable de comparer non seulement des percepts et des images, mais aussi des concepts et est ainsi capable d'initier des actions sans stimulus extérieur. Par contre s'il est motivé par l'obtention de quelque chose de bon, comme le chien, il doit recevoir ce quelque chose d'un autre: l'employé qui est performant reçoit une augmentation, l'étudiant qui a réussi reçoit une chaine hi-fi.

Au début de la vie, l'éducation du petit enfant est semblable à celle du chien. Pendant les deux premières années de la vie de l'enfant des objets mentaux se forment, ce sont des percepts et des images qui forment le début de la carte mentale de l'individu. Des associations se forment aussi, soit inconsciemment, soit créées par l'action consciente ou inconsciente des adultes entourant l'enfant. Le petit enfant est capable d'attribuer des valeurs et de faire des jugements de valeur. Il est capable de comprendre bon et mauvais, et ainsi d'attribuer des valeurs à de nouveaux comportements. Il choisit ce qui lui donne du plaisir et fuit ce qui lui procure de la douleur.

Le petit enfant est motivé pour faire ce qui est bon pour lui et ne pas faire ce qui est mauvais pour lui, ou plutôt pour faire ce qu'il croit bon pour lui. Par l'expérience il peut découvrir que quelque chose qu'il croyait bon est réellement mauvais. Mais si ce quelque chose est mauvais pour le petit enfant, les adultes l'empêcheront de prendre ou de faire ce quelque chose. Cela est possible si l'adulte est près de l'enfant. Si non, l'adulte signale à l'enfant qu'il y a danger. L'adulte a peur, il utilise le cri pour signaler sa peur, l'enfant attribue une valeur correspondant à l'émotion de peur, et ainsi n'agit pas. S'il avait fui, il aurait agi et sa peur disparaitrait naturellement.

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ne pas agir

Comme il n'agit pas il faut faire disparaitre l'émotion de peur en le sécurisant. Il est bon de prendre l'habitude de lui expliquer calmement la raison du danger. Même s'il ne comprend pas encore la signification des mots, l'habitude est prise par l'adulte, et l'enfant reconnait au ton de la voix la différence d'état émotionnel de l'adulte, la différence entre la peur et la sécurité.

Le petit enfant est motivé pour faire ce qui est bon pour lui et ne pas faire ce qui est mauvais pour lui. Mais ce qui est bon pour lui n'est pas nécessairement bon pour les autres. Le bien est ce qui est bon pour le groupe et ce qui est bon pour le groupe n'est pas nécessairement bon pour lui. Vers l'âge de deux ans le cerveau de l'enfant commence à former des concepts, il commence à pouvoir comprendre les notions de bien et de mal, de gentil et de méchant. Ces notions correspondent à des valeurs attribuées à des actions qui sont conformes ou non à des types d'actions définies par la société.

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ne pas agir mal et agir bien

Pour éduquer il faut donc expliquer quel est le type d'action défini par la société, faire une comparaison avec l'action passée et associer à cette comparaison une valeur existante. Les valeurs existantes sont mauvais/bon et peur/sécurité. Pour expliquer il faut que l'enfant comprenne la signification des concepts utilisés dans les règles de morale, et qu'il puisse utiliser le jugement rationnel, les règles étant des associations de concepts structurées par le jugement rationnel. L'enfant, selon Piaget, commence à former des concepts vers l'âge de deux ans et à utiliser le jugement rationnel vers l'âge de sept ans. Entre 2 et 7 ans il considère que le concept est vrai, qu'il est la représentation de la réalité et il lui attribue immédiatement une valeur; il y a formation de croyances. Entre 7 et 12 ans il y a formation de règles en utilisant le jugement rationnel, et il considère que la règle est vraie si le résultat de l'application de cette règle donne une valeur correspondant à une impression agréable. Entre 2 et 7 ans l'enfant comprend la notion de bien et de mal, entre 7 et 12 ans il comprend les règles qui définissent ces notions. Entre 2 et 12 ans il est toujours capable d'attribuer des valeurs et de faire des jugements de valeur.

Il est évident qu'on ne peut pas attendre qu'il comprenne les explications des règles de morale, ce qui est bien ou mal, pour l'éduquer à agir bien et ne pas agir mal. Au départ l'enfant est capable d'attribuer des valeurs qui correspondent à des états physiologiques, le plaisir et la douleur, l'attirance et le dégoût, la sécurité et l'effroi. Mais les valeurs correspondant au bien et au mal n'existent pas, puisque le bien et le mal sont des concepts et que l'enfant ne commence à former des concepts qu'à l'âge de deux ans. Il faut donc créer de nouveaux concepts et des nouvelles valeurs. Les nouveaux concepts peuvent être créés par la communication avec les autres individus qui sont les adultes, mais aussi les autres enfants. Les valeurs étant personnelles, non communicables, les nouvelles valeurs doivent être créées à partir de valeurs existantes chez l'enfant.

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valeurs existantes et mal/bien

L'enfant est motivé par ce qui est bon pour lui. Après son action le résultat lui procure une impression agréable, il attribue une valeur correspondant au plaisir. Si le résultat de son action provoque une impression désagréable chez les autres, cette impression est un incident, une attribution de valeur, qui provoque une action des autres. Suivant que l'autre est faible ou fort, cette réaction de l'autre sera soit la fuite, soit l'attaque. S'il y a fuite de l'autre l'enfant est rejeté, s'il y a attaque de l'autre l'enfant a peur. Dans les deux cas, la première impression agréable est diminuée par la deuxième impression désagréable résultant de la réaction de l'autre. La réaction de l'autre forme un nouvel objet mental, la punition, l'humiliation, et la comparaison de ce nouvel objet mental avec un autre objet mental provoquera un impression désagréable, une attribution de valeur faible.

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ne pas agir mal

Lors de sa prochaine action, l'enfant sera motivé par la combinaison de la valeur attribuée au résultat et de la valeur attribuée à la punition, la valeur de la punition diminuant la valeur du résultat. Sa motivation pour agir sera diminuée, elle passe de V1 = 10 à V1 x V2 = 1. Il est éduqué pour ne pas agir mal. Il faut remarquer que la punition est toujours une réaction des autres. Si les autres ne sont pas présents, ou si les autres ne découvrent pas le résultat de l'action il n'y a pas de punition. L'enfant dépend des autres pour recevoir une punition.

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motivation pour ne pas agir mal

L'enfant apprend la notion de mal par les autres, et les autres sont à la fois les adultes et les enfants. Seules les règles inculquées par les adultes correspondent à la morale du groupe et cette morale n'est pas toujours meilleure que celle des enfants; ainsi du temps des nazis il était mal pour un enfant allemand d'aider un enfant juif.

Si l'enfant est motivé pour ne pas agir mal, il n'est pas encore motivé pour agir bien. Il doit pouvoir choisir par un jugement de valeur entre agir bien et ne pas agir mal. Comment le motivé pour agir bien? Comment peut-il choisir entre la valeur V0 correspondant à agir bien, et la valeur V1 x V2 correspondanr à agir mal? Pour qu'il agisse bien il faut que la valeur V0 soit plus grande que la valeur V1 x V2. Comment créer cette nouvelle valeur V0?

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jugement de valeur bien/mal

L'enfant est motivé pour faire ce qui est bon et sûr pour lui, et ne pas faire ce qui est mauvais pour lui et provoque sa peur. Mais ce qui est mauvais pour lui ou provoque sa peur peut être bien.

Dans le cas de ce qui est mauvais nous pouvons utiliser le jugement de valeur. L'enfant connait la punition. S'il agit l'impression sera désagréable. S'il agit bien l'impression sera désagréable. S'il agit mal l'impression sera encore plus désagréable du fait de la punition. L'enfant n'apprend pas à agir bien, mais à ne pas agir mal.

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ne pas agir mal si mauvais

Pour que l'enfant apprenne à agir bien il faut que son action lui procure une impression agréable. Il faut que la valeur faible V1 correspondant à une impression désagréable soit compensée par une valeur élevée V0 correspondant à une impression agréable. Si V1 x V0 est plus grand que V1, par le jugement de valeur l'enfant choisira d'agir bien. Cette valeur V0 doit être une valeur existante, elle correspond à un objet mental auquel l'enfant attribue une valeur bon ou sûr.

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agir bien si mauvais

Pour vaincre le peur de l'enfant on peut également associer à l'objectif un objet mental auquel l'enfant attribue une grande valeur existante, soit bon soit sûr.

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agir bien si peur

Mais l'enfant n'a pas réellement appris la notion de bien. Il n'a pas appris à agir bien par lui-même. Il a appris à agir bon et à agir sûr et pour chaque action de ce type il doit recevoir quelque chose de l'autre.

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ne pas agir mal et agir bon

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ne pas agir mal et agir en sécurité

Pour agir bien, sans l'aide des autres, l'enfant doit avoir des références, des objets mentaux qui comparés à l'objectif donnent à cet objectif une grande valeur sans qu'il soit nécessaire d'obtenir quelque chose des autres.

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jugement de valeur bien/mal

Mais cette nouvelle valeur ne peut étre créée qu'à partir de valeurs existantes, bon et sûr, qui correspondent à quelque chose que je reçois de l'autre.

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ne pas agir mal et agir bien

Comment résoudre le problème qu'il ne soit pas nécessaire d'obtenir quelque chose des autres? Ne pas obtenir quelque chose des autres ne signifie pas ne rien obtenir. Si je n'obtiens rien immédiatement, je peux très bien obtenir quelque chose plus tard. Pour l'enfant plus tard c'est l'âge adulte, pour l'adulte plus tard c'est la fin de sa vie ou après sa vie s'il croit que son âme est immortelle. S'il croit en un dieu, il n'obtiendra rien des autres immédiatement, mais il obtiendra quelque chose de dieu plus tard. Ce quelque chose pour l'incroyant c'est l'honneur, pour le croyant c'est l'honneur et la récompense après la mort. Les valeurs correspondant à l'honneur et à la récompense sont élevées, elles produisent une impression agréable. Elles s'associent bien aux valeurs existantes de bon et sûr.Elle s'opposent bien aux valeurs faibles correspondant à la punition et à l'humiliation.

Pour l'enfant plus tard c'est loin, c'est quand il sera adulte. Comment sont formés ces références, ces nouveaux objets mentaux qui décrivent le bien et le mal et les règles qu'il faut appliquer dans le groupe? Ils sont formés par la communication d'histoires décrivant des personnages qui sont toujours récompensés ou punis en fonction de ce qu'ils agissent bien ou mal. Il se forme ainsi des croyances jusqu'à l'âge de sept ans,et ce n'est qu'après cet âge que l'enfant est capable de comprendre les règles qui régissent ces comportements.

Il faut remarquer qu'une référence importante est l'adulte de même sexe auquel l'enfant a tendance à s'identifier, selon des mécanismes aléatoires. Cette référence sera davantage constituée par le comportement de cet adulte, par ce qu'il exprime par le langage du corps, plutôt que par ce qu'il dit. S'il existe des différences trop importantes entre ce que l'adulte est et ce qu'il dit, il sera difficile pour l'enfant de construire une référence stable, et par là une personnalité cohérente. rappelons qu'une règle de morale est acceptée dans un groupe à condition que, si les individus qui édictent les règles ne les respectent pas, ces individus soient punis.

Entre 7 et 12 ans, l'enfant est capable de former des règles: des associations de concepts structurées par le jugement rationnel et l'attribution de valeur est séparée du jugement rationnel. Il utilise le jugement de valeur pour tester la vérité de ce nouvel objet mental. Si le test de vérité donne une valeur qui provoque une impression agréable il considérera cette nouvelle règle comme vraie. Ces nouvelles règles peuvent être en contradiction avec les croyances apprises précédemment. Ces nouvelles règles créent des références qui sont des exemples de comportement que l'enfant choisit lui-même et qui ne sont pas communiqués par les adultes. Ces exemples proviennent des adultes et aussi des autres enfants.

A partir de sept ans l'enfant fréquente l'école et suit une heure de cours de religion ou de morale. Si son éducation morale a été bien faite entre deux et sept ans, ces cours confirmeront son éducation. Si non les cours ne sont pas suffisants pour créer des valeurs morales, et il est fort probable que l'enfant établira ses propres règles qu'il est capable de construire à cet âge.

Rééducation

Si les règles utilisées par l'enfant ne correspondent pas aux règles du groupe, l'enfant a un problème signalé par des conflits avec les représentants du groupe et les autres enfants. Ces conflits n'apparaissent que si l'enfant est suffisamment fort pour lutter avec les autres. C'est à dire à l'âge de l'adolescence, après douze ans, pour entrer en conflit avec les adultes représentant le groupe et ses règles.

S'il y a conflit, il y a problème. Si on solutionne le problème, les conflits ne réapparaîtront plus, mais s'il est relativement facile de résoudre le conflit, il est difficile de résoudre le problème.

Solutionner le conflit demande une période de temps relativement courte. Nous appellerons la personne qui résout le conflit un éducateur. L'éducateur va d'abord calmer les émotions provoquées par le conflit. L'individu qui a créé le conflit a agi selon ses propres règles et il sait qu'il a mal agit selon les règles du groupe. Il s'attend à ce que le groupe réagisse à son action par la punition.

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réaction du groupe suite à un conflit

Mais l'éducateur ne va pas punir l'individu. Il va le motiver à avoir un autre comportement, à agir bien. Il n'a pas le temps de lui expliquer de nouvelles règles, la seule méthode qu'il peut utiliser c'est d'apprendre à l'individu à agir bon. Si le comportement futur de l'individu change, s'il suit les règles du groupe, il obtiendra quelque chose qui est bon pour lui. S'il ne suit pas les règles du groupe il n'obtiendra rien. La clé de la réussite est de persuader l'individu que le fait de ne pas obtenir quelque chose n'est pas une punition.

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réaction de l'éducateur suite à un conflit

Le fait de dire "ce n'est pas une punition" a pour effet que l'individu pense immédiatement à la punition et qu'il considère, inconsciemment, que le fait de ne pas obtenir quelque chose est une punition. De même le fait de dire "s'il ne suit pas les règles du groupe il n'obtiendra pas quelque chose, ou rien" est négatif et fait penser à la punition. C'est une explication que l'individu peut essayer d'obtenir de l'éducateur, afin de se persuader qu'il y a quand même une punition, punition à laquelle il s'attendait. L'éducateur doit donc s'exprimer en termes uniquement positifs afin d'éviter que l'individu n'associe des objets mentaux en opposition avec ceux que l'éducateur désire que l'individu manipule. Les termes utilisés doivent être positifs car seuls les termes positifs déclenchent l'action.

Ce quelque chose ne doit pas nécessairement être nouveau. Dans ce cas, avant il obtenait toujours quelque chose indépendamment de toute action. Dans le futur, il obtiendra ce quelque chose s'il agit suivant les règles du groupe. Il faut également faire attention à ne pas évoquer la punition en utilisant des termes tels que "supprimer, ne pas obtenir".

Il y a établissement d'un contrat entre l'individu et l'éducateur, et ce contrat sera d'application dans le futur. Dans ce contrat on ne parle pas de l'action passée, on ne dit pas "si tu agis encore mal, tu n'obtiendras pas quelque chose", on dit "si tu agis bien dans le futur, tu obtiendras quelque chose".

La méthode résout le conflit, mais crée une relation émotionnelle entre l'individu et l'éducateur. L'individu est motivé à agir bon avec cet éducateur parce qu'il reçoit quelque chose. Il n'est pas motivé à agir bien, et son comportement peut être différent dans un groupe autre que celui où l'éducateur est présent.

Pour apprendre à l'individu à agir bien il faut solutionner le problème. Il faut le rééduquer: Il faut modifier par le jugement rationnel les objets mentaux existants, les tendances, et leur associer des valeurs existantes ou nouvelles. Pour que l'individu apprenne à agir bien, il faut qu'il apprenne à agir bien indépendamment de l'obtention immédiate de quelque chose. Nous appellerons rééducateur la personne qui apprend à l'individu à changer son comportement pour agir bien. Le rééducateur ne peut pas avoir de relation émotionnelle avec l'individu à rééduquer, car l'individu doit apprendre à agir bien sans recevoir quelque chose du rééducateur. Cela ne veut pas dire que le rééducateur ne peut pas commencer par apprendre à l'individu à agir bon, mais le quelque chose de bon que l'individu obtiendra doit être donné par une autre personne que le rééducateur.

Ce quelque chose peut par exemple être une relation amoureuse épanouissante et non basée uniquement sur des relations sexuelles.

Le style d'attachement d'un individu aux autres dépend de la valeur qu'il attribue aux autres. Si pour lui les autres sont sûrs, il sera confiant, calme, il éprouvera le sentiment d'assertivité, c'est à dire qu'il ne sera ni offensif ni défensif. Si pour lui les autres sont mauvais, il y aura rejet des autres peut-être jusqu'au racisme, il éprouvera les sentiments d'inimitié et de mépris. Si les autres sont dangereux ou ambivalents, il sera méfiant, anxieux et se sentira persécuté.

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impression relative aux autres

Si on analyse la satisfaction des relations amoureuses chez les adultes on constate que les individus qui voient les autres comme "sûrs" sont plus satisfaits que ceux qui voient les autres comme "mauvais" ou "dangereux. Lors de l'enquête la satisfaction a été évaluée par chaque individu en répondant à la question "vos relations amoureuses correspondent-elles à ce que vous désirez?"

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satisfaction amoureuse

Pour un individu qui voit les autres comme mauvais ou dangereux, un changement de ces valeurs pourrait dans le futur lui apporter une relation amoureuse satisfaisante. Ou en d'autres termes, une relation amoureuse satisfaisante est quelque chose de bon que l'individu peut obtenir dans le futur d'une autre personne que le rééducateur.

Actuellement tu n'est pas satisfait, c'est normal 53% des mauvais et 60% des dangereux ne sont pas satisfaits, et il n'y a que 33% des sûrs qui ne sont pas satisfaits, c'est à dire presque deux fois moins. Puisqu'il y a 33% des sûrs qui ne sont pas satisfaits, cela veut dire qu'il y a 67% des sûrs qui sont satisfaits. Si tu deviens sûr tu as 67% de chance d'être satisfait.

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motivation pour changer de valeur

En général le rejet et la méfiance sont dûs à l'éducation par les adultes dans le plus jeune âge, il ny a pas eu de bon, pas de tendresse, pas d'affection. Si les émotions sont expliquées et que l'individu apprend à utiliser le langage du corps pour comprendre les autres, il se rendra compte qu'il y a des bons et des mauvais, des sûrs et des dangereux, mais que les autres ne sont pas tous mauvais ni tous dangereux.

Copyright 2001 by Stéphane Coël - L'intelligence émotionnelle et rationnelle dans l'action