La différence réside dans le fait que, par l'apprentissage de nouveaux objets mentaux cognitifs sont créés, par l'éducation de nouvelles valeurs sont créées en plus. Nous appellerons éducateur une personne qui apprend des valeurs à un individu.
Par quel procédé ces nouvelles valeurs sont-elles créées? L'éducation commence dès le plus jeune âge de l'enfant et jusqu'à l'âge de deux ans il n'utilise que les jugements de valeur. A sa naissance l'enfant est capable d'attribuer des valeurs qui correspondent à des états physiologiques tels que le plaisir et la douleur, l'attirance et le dégoût, la sécurité et l'effroi, la dominance et la soumission. Il faut remarquer que le plaisir et la douleur sont des états résultant d'une action, les autres états résultent d'une attribution de valeur qui précède et motive l'action.
Nous retrouvons ces états et ces valeurs chez les animaux. Comment dresse-t-on un chien à sauter un obstacle? Il faut évidemment lui apprendre à franchir l'obstacle, lui faire acquérir les connaissances pour franchir l'obstacle en lui montrant l'exemple et en lui communiquant un signal par un cri. Après de nombreux essais infructueux, le chien saute l'obstacle une première fois. A ce moment on lui donne une friandise. On continue à lui apprendre à sauter et à chaque saut réussi on lui donne une friandise. En fait il se crée dans le cerveau du chien une association d'objets mentaux selon la loi de Pavlov. Le cri, le saut réussi et la friandise forment un même objet mental. La comparaison de cet objet mental avec la tendance à aimer les friandises est une attribution de valeur, le chien ressent de l'attirance pour cet objet mental, ce qui déclenche son action. Après le saut réussi le chien mange la friandise; la comparaison de l'objet mental avec la tendance à aimer les friandises est une attribution de valeur à laquelle correspond un état de plaisir.
Si le saut n'est pas réussi, il n'a pas de friandise et il ne ressent pas de plaisir. Si le saut n'est pas réussi et que le maître crie sur le chien ou le frappe, le chien est complètement désorienté, il ressent la peur et la douleur qui sont des états physiologiques qui n'ont rien à voir avec l'attirance initiale.
Le chien au départ ressent une impression désagréable pour ce qui est mauvais et une impression agréable pour ce qui est bon. Après son éducation il est motivé pour ressentir une impression agréable, du plaisir, lorsqu'il a sauté; il est motivé pour faire ce qui est bon. S'il ne saute pas il ne ressent rien, l'impression est nulle.
Au début de la vie, l'éducation du petit enfant est semblable à celle du chien. Pendant les deux premières années de la vie de l'enfant des objets mentaux se forment, ce sont des percepts et des images qui forment le début de la carte mentale de l'individu. Des associations se forment aussi, soit inconsciemment, soit créées par l'action consciente ou inconsciente des adultes entourant l'enfant. Le petit enfant est capable d'attribuer des valeurs et de faire des jugements de valeur. Il est capable de comprendre bon et mauvais, et ainsi d'attribuer des valeurs à de nouveaux comportements. Il choisit ce qui lui donne du plaisir et fuit ce qui lui procure de la douleur.
Le petit enfant est motivé pour faire ce qui est bon pour lui et ne pas faire ce qui est mauvais pour lui, ou plutôt pour faire ce qu'il croit bon pour lui. Par l'expérience il peut découvrir que quelque chose qu'il croyait bon est réellement mauvais. Mais si ce quelque chose est mauvais pour le petit enfant, les adultes l'empêcheront de prendre ou de faire ce quelque chose. Cela est possible si l'adulte est près de l'enfant. Si non, l'adulte signale à l'enfant qu'il y a danger. L'adulte a peur, il utilise le cri pour signaler sa peur, l'enfant attribue une valeur correspondant à l'émotion de peur, et ainsi n'agit pas. S'il avait fui, il aurait agi et sa peur disparaitrait naturellement.
Le petit enfant est motivé pour faire ce qui est bon pour lui et ne pas faire ce qui est mauvais pour lui. Mais ce qui est bon pour lui n'est pas nécessairement bon pour les autres. Le bien est ce qui est bon pour le groupe et ce qui est bon pour le groupe n'est pas nécessairement bon pour lui. Vers l'âge de deux ans le cerveau de l'enfant commence à former des concepts, il commence à pouvoir comprendre les notions de bien et de mal, de gentil et de méchant. Ces notions correspondent à des valeurs attribuées à des actions qui sont conformes ou non à des types d'actions définies par la société.
Il est évident qu'on ne peut pas attendre qu'il comprenne les explications des règles de morale, ce qui est bien ou mal, pour l'éduquer à agir bien et ne pas agir mal. Au départ l'enfant est capable d'attribuer des valeurs qui correspondent à des états physiologiques, le plaisir et la douleur, l'attirance et le dégoût, la sécurité et l'effroi. Mais les valeurs correspondant au bien et au mal n'existent pas, puisque le bien et le mal sont des concepts et que l'enfant ne commence à former des concepts qu'à l'âge de deux ans. Il faut donc créer de nouveaux concepts et des nouvelles valeurs. Les nouveaux concepts peuvent être créés par la communication avec les autres individus qui sont les adultes, mais aussi les autres enfants. Les valeurs étant personnelles, non communicables, les nouvelles valeurs doivent être créées à partir de valeurs existantes chez l'enfant.
Si l'enfant est motivé pour ne pas agir mal, il n'est pas encore motivé pour agir bien. Il doit pouvoir choisir par un jugement de valeur entre agir bien et ne pas agir mal. Comment le motivé pour agir bien? Comment peut-il choisir entre la valeur V
0 correspondant à agir bien, et la valeur V1 x V2 correspondanr à agir mal? Pour qu'il agisse bien il faut que la valeur V0 soit plus grande que la valeur V1 x V2. Comment créer cette nouvelle valeur V0?Dans le cas de ce qui est mauvais nous pouvons utiliser le jugement de valeur. L'enfant connait la punition. S'il agit l'impression sera désagréable. S'il agit bien l'impression sera désagréable. S'il agit mal l'impression sera encore plus désagréable du fait de la punition. L'enfant n'apprend pas à agir bien, mais à ne pas agir mal.
Pour l'enfant plus tard c'est loin, c'est quand il sera adulte. Comment sont formés ces références, ces nouveaux objets mentaux qui décrivent le bien et le mal et les règles qu'il faut appliquer dans le groupe? Ils sont formés par la communication d'histoires décrivant des personnages qui sont toujours récompensés ou punis en fonction de ce qu'ils agissent bien ou mal. Il se forme ainsi des croyances jusqu'à l'âge de sept ans,et ce n'est qu'après cet âge que l'enfant est capable de comprendre les règles qui régissent ces comportements.
Il faut remarquer qu'une référence importante est l'adulte de même sexe auquel l'enfant a tendance à s'identifier, selon des mécanismes aléatoires. Cette référence sera davantage constituée par le comportement de cet adulte, par ce qu'il exprime par le langage du corps, plutôt que par ce qu'il dit. S'il existe des différences trop importantes entre ce que l'adulte est et ce qu'il dit, il sera difficile pour l'enfant de construire une référence stable, et par là une personnalité cohérente. rappelons qu'une règle de morale est acceptée dans un groupe à condition que, si les individus qui édictent les règles ne les respectent pas, ces individus soient punis.
Entre 7 et 12 ans, l'enfant est capable de former des règles: des associations de concepts structurées par le jugement rationnel et l'attribution de valeur est séparée du jugement rationnel. Il utilise le jugement de valeur pour tester la vérité de ce nouvel objet mental. Si le test de vérité donne une valeur qui provoque une impression agréable il considérera cette nouvelle règle comme vraie. Ces nouvelles règles peuvent être en contradiction avec les croyances apprises précédemment. Ces nouvelles règles créent des références qui sont des exemples de comportement que l'enfant choisit lui-même et qui ne sont pas communiqués par les adultes. Ces exemples proviennent des adultes et aussi des autres enfants.
A partir de sept ans l'enfant fréquente l'école et suit une heure de cours de religion ou de morale. Si son éducation morale a été bien faite entre deux et sept ans, ces cours confirmeront son éducation. Si non les cours ne sont pas suffisants pour créer des valeurs morales, et il est fort probable que l'enfant établira ses propres règles qu'il est capable de construire à cet âge.
Rééducation
Si les règles utilisées par l'enfant ne correspondent pas aux règles du groupe, l'enfant a un problème signalé par des conflits avec les représentants du groupe et les autres enfants. Ces conflits n'apparaissent que si l'enfant est suffisamment fort pour lutter avec les autres. C'est à dire à l'âge de l'adolescence, après douze ans, pour entrer en conflit avec les adultes représentant le groupe et ses règles.S'il y a conflit, il y a problème. Si on solutionne le problème, les conflits ne réapparaîtront plus, mais s'il est relativement facile de résoudre le conflit, il est difficile de résoudre le problème.
Solutionner le conflit demande une période de temps relativement courte. Nous appellerons la personne qui résout le conflit un éducateur. L'éducateur va d'abord calmer les émotions provoquées par le conflit. L'individu qui a créé le conflit a agi selon ses propres règles et il sait qu'il a mal agit selon les règles du groupe. Il s'attend à ce que le groupe réagisse à son action par la punition.Ce quelque chose ne doit pas nécessairement être nouveau. Dans ce cas, avant il obtenait toujours quelque chose indépendamment de toute action. Dans le futur, il obtiendra ce quelque chose s'il agit suivant les règles du groupe. Il faut également faire attention à ne pas évoquer la punition en utilisant des termes tels que "supprimer, ne pas obtenir".
Il y a établissement d'un contrat entre l'individu et l'éducateur, et ce contrat sera d'application dans le futur. Dans ce contrat on ne parle pas de l'action passée, on ne dit pas "si tu agis encore mal, tu n'obtiendras pas quelque chose", on dit "si tu agis bien dans le futur, tu obtiendras quelque chose".
La méthode résout le conflit, mais crée une relation émotionnelle entre l'individu et l'éducateur. L'individu est motivé à agir bon avec cet éducateur parce qu'il reçoit quelque chose. Il n'est pas motivé à agir bien, et son comportement peut être différent dans un groupe autre que celui où l'éducateur est présent.
Pour apprendre à l'individu à agir bien il faut solutionner le problème. Il faut le rééduquer: Il faut modifier par le jugement rationnel les objets mentaux existants, les tendances, et leur associer des valeurs existantes ou nouvelles. Pour que l'individu apprenne à agir bien, il faut qu'il apprenne à agir bien indépendamment de l'obtention immédiate de quelque chose. Nous appellerons rééducateur la personne qui apprend à l'individu à changer son comportement pour agir bien. Le rééducateur ne peut pas avoir de relation émotionnelle avec l'individu à rééduquer, car l'individu doit apprendre à agir bien sans recevoir quelque chose du rééducateur. Cela ne veut pas dire que le rééducateur ne peut pas commencer par apprendre à l'individu à agir bon, mais le quelque chose de bon que l'individu obtiendra doit être donné par une autre personne que le rééducateur.
Ce quelque chose peut par exemple être une relation amoureuse épanouissante et non basée uniquement sur des relations sexuelles.
Le style d'attachement d'un individu aux autres dépend de la valeur qu'il attribue aux autres. Si pour lui les autres sont sûrs, il sera confiant, calme, il éprouvera le sentiment d'assertivité, c'est à dire qu'il ne sera ni offensif ni défensif. Si pour lui les autres sont mauvais, il y aura rejet des autres peut-être jusqu'au racisme, il éprouvera les sentiments d'inimitié et de mépris. Si les autres sont dangereux ou ambivalents, il sera méfiant, anxieux et se sentira persécuté.
Actuellement tu n'est pas satisfait, c'est normal 53% des mauvais et 60% des dangereux ne sont pas satisfaits, et il n'y a que 33% des sûrs qui ne sont pas satisfaits, c'est à dire presque deux fois moins. Puisqu'il y a 33% des sûrs qui ne sont pas satisfaits, cela veut dire qu'il y a 67% des sûrs qui sont satisfaits. Si tu deviens sûr tu as 67% de chance d'être satisfait.
Copyright 2001 by Stéphane Coël - L'intelligence émotionnelle et rationnelle dans l'action